Une demande dynamique a permis une hausse de la production des papiers et cartons (+2,7 %)
Le bilan à mi-année de l’activité papetière française met en évidence que, pour quasiment toutes les entreprises de ce secteur, la demande a été soutenue au cours du premier semestre.
Sur 5 mois (de janvier à mai 2022, par rapport à la période correspondante de 2021), la production papetière en France a ainsi augmenté de 2,7 %.
Cette hausse concerne toutes les familles de produits, qu’ils soient destinés à la fabrication d’emballages (+2,1 %), aux usages graphiques (+4,4 %) ou à la confection d’articles d’hygiène (+4,7 %).
Cette bonne activité du premier semestre, qui s’inscrit dans un contexte de fort rebond de l’économie française et européenne depuis le début de l’année 2021, est la conséquence d’une demande demeurée solide sur les différents segments de marché. A titre d’exemples, les volumes d’emballages induits par le développement du commerce en ligne, le remplacement des articles en plastique à usage unique par des produits papiers et cartons, les besoins liés à l’édition ou la publicité, ont été autant de moteurs à la consommation de produits cellulosiques. Sur certains marchés (papier journal …), l’inadéquation entre l’offre et la demande, à l’échelle européenne, a pu entraîner la persistance de tensions apparues dès le printemps 2021.
La hausse de la production s’est effectuée dans un contexte inflationniste inédit des coûts et des prix
Cette hausse de la production enregistrée au cours du premier semestre s’est effectuée dans un contexte de hausse des coûts de production totalement inédit par son ampleur et sa brutalité. Les hausses les plus sensibles ont concerné la fourniture de gaz et d’électricité. Le prix moyen du gaz sur le marché spot, en raison de la guerre russo-ukrainienne, s’est établi sur la période d’avril à juin à 80 €/MWh, soit près de 8 fois le prix moyen de 2019/2020 ! Pour l’électricité, sur le marché spot, le facteur multiplicatif est de près de 6. La hausse vertigineuse du prix du gaz fait à son tour « flamber » l’indice de prix des produits chimiques (+40 % sur un an). Les cours des matières premières fibreuses (bois, pâte à papier, papiers et cartons à recycler) se sont également sensiblement enchéris depuis un an. Cette hausse, enfin, n’épargne pas les achats de services (+18 % pour l’indice « longue distance » du transport routier).
Les facteurs de production des entreprises papetières, outre l’augmentation considérable de leurs coûts, se caractérisent également par des tensions croissantes. Cela vaut par exemple pour le transport, mais également pour les équipements industriels (matériels électriques …) et pour certains produits chimiques (amidon …). Les ressources humaines sont également sous
forte tension : 8 entreprises papetières sur 10 déclarent qu’il est plus difficile de recruter des collaborateurs maintenant qu’en 2019 (alors même que la situation « avant covid » était déjà tendue et que, dans beaucoup d’entreprises, tous les postes n’étaient pas pourvus).
Cette hausse sans précédent des coûts de production a conduit les entreprises papetières, à l’échelle européenne, à devoir procéder à des hausses des prix de vente, variables selon les segments de marché.
La dégradation du contexte macroéconomique pèsera sur l’activité papetière
Même si les carnets de commande restent satisfaisants en cette mi-année, et que les perspectives d’activité de nombreuses entreprises papetières sont bien orientées pour cet automne, deux risques forts, interdépendants, ne peuvent être ignorés. Le premier risque correspond au scénario d’une diminution drastique, durant les prochains mois, des livraisons de gaz russe aux pays européens. Une telle séquence aurait un fort impact direct sur les
papeteries (risque d’arrêts d’usines), mais également un effet indirect marqué sur les coûts de production (hausse des prix de l’électricité, baisse de la disponibilité et augmentation des prix de nombreux produits chimiques …). La seconde ombre, pour partie liée au point précédent, tient à l’intensité de la contraction de l’économie. Même sans entrer en récession, la décélération de la croissance conduira à l’affaiblissement de la consommation de différents
segments de marché.
Pour Philippe d’Adhémar, Président de COPACEL, « nous sommes dans une situation inédite, caractérisée par de très fortes incertitudes sur l’évolution de la demande et des coûts de production. Si un scénario noir venait à se concrétiser, comme par exemple des restrictions fortes sur les approvisionnements en gaz naturel, il sera indispensable que les pouvoirs publics considèrent notre industrie comme un secteur prioritaire. L’arrêt de papeteries aurait en effet des conséquences dramatiques, en privant les Français de produits de première nécessité (pénurie d’emballages alimentaires, de boîtes pour médicaments, d’articles d’hygiène, …) et en exacerbant les tensions sur les papier graphiques (presse, édition) ».