Dans un contexte de pressions inflationnistes sur les matières premières, l’accélération vraisemblable de l’économie en 2021 offre des perspectives de croissance à l’industrie papetière.
Une production 2020 handicapée par les conséquences de la COVID-19
En 2020, en dépit des contraintes liées à la COVID-19, les entreprises papetières françaises n’ont, pour la très grande majorité, pas interrompu leur production, ce qui a permis la fabrication de biens indispensables à la vie de nos concitoyens (emballages alimentaires, caisses en carton destinées à la logistique, boîtes de médicaments, papiers d’hygiène, papiers utilisés par les scolaires…). En dépit de ce maintien de l’activité, le fléchissement de certains marchés (papiers de presse…), les difficultés de production (réduction du nombre des équipes) et la fermeture d’une usine avant cession, ont conduit à un recul de la production de 6,1 % en volume. Cette baisse, combinée au recul des prix de plusieurs familles de produits, a conduit à un recul de la production de 12,7 % en valeur.
Des coûts de plusieurs catégories de matières premières fibreuses en hausse sensible depuis plusieurs mois
Alors que le bois de trituration, qui répond à une logique d’équilibre régional entre l’offre et la demande, est demeuré à des niveaux de prix stables voire décroissants, d’autres matières premières fibreuses enregistrent depuis plusieurs mois des hausses marquées.
Il s’agit en premier lieu du renchérissement très sensible des Papiers et Cartons à Recycler (jusqu’à 300 % sur une dizaine de mois pour certaines catégories !), reflet d’une demande soutenue en Europe de la part des papeteries produisant des papiers et cartons destinés à l’emballage. Une autre matière première inscrite depuis plusieurs mois dans un cycle haussier est la pâte de cellulose. Les cours de cette matière première sont en effet sous tension en raison de la vigueur de la demande chinoise et de l’absence de nouvelles capacités de production de pâte. Ces hausses des cours des matières premières fibreuses auront très vraisemblablement un impact haussier sur les prix des papiers et cartons.
En dépit des interrogations sur la cinétique de la reprise économique, plusieurs tendances offrent des perspectives favorables à différentes familles de papiers et cartons
A horizon de quelques mois, la fin des restrictions (réouverture de tous les commerces, retour à une plus forte mobilité), et la volonté des consommateurs de « tourner la page », devraient se traduire par une hausse de la consommation pour différents segments de produits (consommation d’articles d’hygiène « away from home », utilisation de papiers bureautiques liée au retour plus large des salariés sur leur lieu de travail, augmentation de la publicité «print » …). Cette accélération de l’activité pourrait cependant être contrariée par la fin progressive des dispositifs publics de soutien de l’économie.
Hors « effet COVID-19 », plusieurs tendances lourdes continueront à dynamiser la demande des produits papetiers. L’importance accordée aux questions sanitaires est ainsi favorable à l’utilisation des articles d’hygiène. Le commerce en ligne et le « drive » sont des pratiques de consommation qui ont connu un regain ces derniers mois, et qui perdureront durant les années à venir. Le goût des consommateurs pour les biens manufacturés issus de ressources renouvelables et facilement recyclables nourrit une sympathie naturelle en faveur des produits fibreux. Enfin, l’évolution de la réglementation, qui partout en Europe vise à restreindre l’usage des articles en plastique à usage unique, ouvre de nouveaux marchés aux produits cellulosiques. La consommation d’une fraction des papiers à usage graphique (les papiers de presse principalement) continuera cependant à se contracter, sous l’effet de la poursuite du développement des technologies numériques, de sorte que la production papetière sera selon toute vraisemblance caractérisée par une courbe en « K ».