Le rebond de la production papetière en 2021 (+ 7%) a permis d’effacer le creux de 2020 (-6,1%)
La croissance exceptionnelle du PIB en France et en Europe en 2021 a eu un effet d’entraînement sur la consommation et la production de produits papetiers. La production de l’industrie papetière (papiers, cartons et pâte marchande) a ainsi atteint 7,4 Mt soit, en raison de la hausse combinée des volumes et des prix de vente, un chiffre d’affaires de 5,9 milliards d’Euros, en hausse de 25 % par rapport à 2020. Ce rebond en 2021 a concerné aussi bien les papiers et cartons destinés à l’emballage (+9,7 %) que ceux utilisés pour usages graphiques (+8,7 %). Toutefois, en raison de la quasi-stabilité de la production des papiers et cartons d’emballage en 2020 (-0,4 %) et de la chute très marquée de la production des papiers graphiques cette même année (-26,7 %), la hausse des volumes de cette seconde catégorie de papier en 2021 ne modifie pas une tendance de fond constatée depuis le milieu des années 2000 de l’industrie papetière française et européenne (fermeture de capacités sur le segment du « graphique » accompagnée d’augmentations sur celui de l’emballage et du conditionnement). Le secteur des papiers d’hygiène, pour sa part, a vu sa production légèrement reculer en 2021 (-1,8 %) mais après une année de hausse en 2020, si bien que le tonnage produit en 2021 est quasiment identique à celui de 2019.
Une année 2021 caractérisée par des hausses inédites des coûts de production et des allongements significatifs des délais de livraison de certains types de produits papetiers
La succession d’une récession en 2020, suivie d’une forte croissance du PIB en 2021 dans la plupart des pays, a eu pour conséquence d’enclencher une hausse marquée des coûts des matières premières et de l’énergie. Pour l’industrie papetière, ce « coup d’accordéon » s’est traduit par une augmentation brutale des cours des Papiers et Cartons à Recycler (+160 % pour les cartons ondulés récupérés en 2021 par rapport à 2020) et du bois. A ce mouvement s’est ajoutée, dès l’été 2021, une hausse sans précédent du coût de l’énergie. Les prix du gaz et de l’électricité sur le marché de gros ont ainsi été multipliés respectivement par plus de 5 et 3 (moyenne 2021 par rapport à 2020). La combinaison de cette explosion des coûts de production et d’une hausse marquée de la demande a conduit à une revalorisation par étapes successives des prix de vente des papiers et cartons. A ce mouvement s’est ajouté un allongement des délais de livraisons pour
plusieurs familles de produits papetiers (papiers graphiques, carton plat, emballage souple …), traduisant, à l’échelle européenne, un déséquilibre entre l’offre et la demande. Dans le cas des papiers graphiques, ce déséquilibre est le résultat de la conversion ou de l’arrêt, au cours de ces dernières années, de machines produisant des papiers graphiques, ceci afin d’ajuster les capacités de production à un marché qui demeure structurellement décroissant.
Les moteurs favorables au développement de l’industrie papetière perdurent en 2022, mais la multiplication des incertitudes rend ardue les projections
En cette fin de premier trimestre, les carnets de commandes demeurent bien garnis pour la majorité des produits papetiers et les moteurs de la consommation sont toujours présents. Les producteurs de papiers graphiques bénéficient d’une situation où l’outil de production européen est sous-capacitaire (ce qui n’était pas le cas durant ces 15 dernières années). Les entreprises fabriquant des papiers et cartons d’emballage continuent à accompagner les évolutions des modes de consommation (développement du e-commerce, remplacement des plastiques à usage unique). Le segment des papiers d’hygiène bénéficie d’une sensibilité plus forte aux questions sanitaires, ainsi que de la fréquentation qui devrait progressivement s’accroître de points de consommation encore sous fréquentés (hôtels, aéroports …). La publication en mars, par l’industrie papetière, de sa feuille de route de décarbonation rappelle les progrès réalisés et fixe un cap clair pour les prochaines années. L’utilisation de matières premières locales (bois, Papiers et Cartons à Recycler …) limite les conséquences du conflit en Ukraine et permet la poursuite de la production de biens essentiels à la vie du pays.
En dépit de ces atouts, plusieurs risques obscurcissent l’horizon, parmi lesquels figurent : une décélération plus ou moins brutale de consommation causée par la combinaison de l’inflation et du conflit en Ukraine, le maintien durable de prix de l’énergie élevés, le renchérissement de différentes matières premières (amidon, bois) comme conséquence directe du conflit en Ukraine, la persistance de désordres logistiques liés à un « impact covid » toujours présent.
Pour Philippe d’Adhémar, Président de COPACEL « L’activité de l’industrie papetière a été très bonne en 2021, et est bien orientée en ce début 2022. Toutefois, la guerre en Ukraine, le risque de dégradation du contexte macro-économique et la persistance de prix extrêmement élevés de l’énergie et des matières premières pourraient inverser la tendance. Le futur exécutif devra, pour cette industrie essentielle à la vie du pays et emblématique de l’économie circulaire, rapidement engager des politiques publiques visant à réduire ces incertitudes, notamment dans le domaine de la fourniture d’énergie ».